Une visite au domaine des Pothiers

Derrière chaque domaine se cache un vigneron ou une vigneronne passionné(e), surtout quand ce domaine a décidé de choisir de passer rapidement en bio et ensuite en biodynamie.

Car la biodynamie est un choix réfléchi et une approche respectueuse malgré ses contraintes et Romain Paire, du domaine des Pothiers, a cependant vite franchi les étapes en reprenant le domaine familial à 22 ans en 2005 et en passant en bio en 2008. Pour franchir l’étape décisive de la biodynamie en 2012, faisant aussi passer le domaine de 4 hectares à 22 hectares sur la même période.

 

C’est une jeune femme passionnée aussi qui seconde Romain, Charlotte, qui a pris le temps de nous faire découvrir le domaine, domaine de la Loire, mais pas dans n’importe quel coin de Loire puisqu’il s’agit de la Côte Roannaise qui jouxte l’Auvergne, caractérisée par un cépage bien spécifique, le Gamay Saint-Romain.

 

Malgré le fait que cette appellation ne soit pas très connue, la volonté de Romain de la mettre en avant s’est faite par le choix du bio et de la biodynamie et aussi en faisant des investissements importants dans le chai.

 

Mais assez parlé du domaine et voyons dans les verres le résultat de ce travail et des choix parfois audacieux.

 

Commençons par les blancs, qui ne sont pas de l’appellation Côtes Roannaises, car cette dernière n’est autorisée qu’en rouge. Les deux blancs sont donc en IGP d’Urfé et tous les deux élevés pratiquement 11 mois en fût de chêne, après une fermentation entre 1 et 3 mois en fonction des années. Nous avons d’abord dégusté la cuvée “Fou de Chêne “, un 100% Chardonnay qui se marque par un beau gras et une très belle amertume. Ce Chardonnay à la robe jaune dorée est promis à une longue garde. Je parlais d’audace car la deuxième cuvée est le “Hors Piste”, un 100% Pinot Gris. Alors que dans la région on trouve beaucoup de Viognier, ce Pinot Gris se distingue indiscutablement.  Il se caractérise par une robe un peu plus pâle que le Chardonnay tout en apportant une touche de fumé et de fruits secs.

 

Les trois rouges dégustés dans l’appellation sont tous évidemment uniquement à 100% composés de Gamay Saint Romain et sont des cuvées parcellaires.

 

Comme je parle de cuvée, la “Cuvée n°6” est plus une cuvée sur le fruit et un excellent vin de soif tout en ayant une belle concentration. La cuvée “Domaine”, élevée sous bois et béton, est plus profonde avec des tanins bien présents qui doivent encore se donner. Autant la Cuvée n°6 est plus sur le velours, autant celle-ci demande du temps. À propos de temps, la cuvée “La Chapelle” se marque par une robe plus concentrée et par un nez poivré. Elle fait totalement oublier que le cépage est du Gamay.

 

Mais Romain est curieux et s’est lancé dans deux nouvelles approches. L’une est l’utilisation d’amphores, d’où le nom “Diogène”, avec des raisins également utilisés pour la cuvée “L’Intégrale”, dont la caractéristique principale est qu’il s’agit de vieilles vignes. Après 8 mois de macération en amphores, cela donne un vin avec une robe un peu plus claire que les autres cuvées dégustées. Le nez très fin fait un peu penser à un Pinot Noir, ce que la bouche confirme, c’est très fin et long en bouche. Et pour finir, la cuvée “Les Grenettes” uniquement à base de Négrette, cépage du sud, est dans un registre différent. Plus de couleur pour la robe, tout en gardant en bouche de la finesse.

 

Après cette dégustation pendant laquelle Charlotte a pris beaucoup de son temps pour nous, on ne peut que saluer ce domaine pour son approche bio et en bionynamie évidemment, et pour l’originalité de sa gamme. Et c’est tellement vrai que les rouges sont rapidement épuisés au domaine. Vin de soif ou vins structurés, la finesse de l’élevage ressort et donne du plaisir à les déguster.

Bernard

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