Ces derniers temps, nous avons publié dans notre newsletter des articles et revue de presse concernant nos domaines en biodynamie. Beaucoup d’entre vous sont revenus vers nous avec cette question :
Mais finalement, c’est quoi la différence entre le bio et la biodynamie ?
Il sera difficile de résumer la biodynamie en un seul article mais nous allons tenter d’en expliquer les grandes lignes. Tout d’abord revenons au bio.
« L’agriculture biologique exclut le recours à la plupart des produits chimiques de synthèse. La fertilisation du sol et la protection des plantes sont assurées par l’utilisation d’engrais et de pesticides issus ou dérivés de substances naturelles. » wikipédia
Vous l’aurez compris, seuls les produits eux-mêmes issus d’une production bio sont autorisés, limitant ainsi les intrants.
Le vin biodynamique pousse la démarche des vins bio encore plus loin. Les vignerons qui utilisent cette méthode essaient d’intensifier la vie du sol afin qu’il y ait un meilleur échange entre la terre et la plante. Pour cela, ils se servent de préparations à base de plantes qu’ils infusent ou macèrent et de minéraux qu’ils dynamisent afin d’aider la vigne à se renforcer et à mieux se développer (une sorte de traitement homéopathique de prévention). Les plantes renforcent ainsi leur immunité. Ils utilisent aussi le calendrier lunaire afin que la plante, le sol et les influences lunaires se combinent au mieux. C’est un penseur et philosophe, Rudolf Steiner (1861-1925), qui instaura les bases de cette mouvance à la fin des années 20, aussi appelée anthroposophie.
Jusque là pas mal de bon sens… Mais ça se complique.
Une pratique ésotérique ? La biodynamie s’articule autour de quatre grands axes.
- Le calendrier lunaire et astral. On en a déjà parlé.
- La préparation 500, la bouse de corne. On enterre une corne de vache avec de la bouse de vache pendant l’hiver. Cette bouse est mélangée à de l’eau en dose homéopathique et pulvérisée pour ensemencer le sol de microorganismes censés équilibrer le sol et le décomposer pour une meilleure relation entre minéral du sol et la plante.
- La préparation 501, la silice de corne. Même procédé que pour la 500, la corne est enterrée avec de la silice, mais à la belle saison cette fois. La silice utilisée en dose homéopathique est pulvérisée sur la plante pour favoriser l’échange avec la lumière et sa connexion avec les astres.
Bref, développer le souterrain et l’aérien.
- Le dernier axe concerne l’eau. Issue de la récupération de l’eau de pluie ou de source, celle-ci est « dynamisée ». On crée un vortex et on change d’un coup le sens de rotation. L’eau se dynamise et est employée pour les préparation 500 et 501, mais aussi pour tous les autres traitements, tisanes, purain, talc, soufre de volcan en poudre,…
Bon expliqué comme ça, c’est pas près de vous convaincre ; je vois d’ici les têtes circonspectes et les sourires en coin.
Mais ce serait oublier un constat : ça marche !!
Bien sûr, des vignerons iront plus loin encore dans la démarche ésotérique, parlant de force (oui, comme un Jedi), d’animaux de lumière… Mais beaucoup rejoignent le mouvement avec une démarche pragmatique, y compris des scientifiques, ingénieurs, pharmaciens , médecins, etc.
En fait, cette méthode répond à des besoins auxquels la démarche bio est incapable de répondre. Des maladies qui se répètent d’année en année et contre lesquelles les plantes n’arrivent pas (plus) à se battre seules. La biodynamie cherche une possibilité de la rendre plus forte face aux menaces cryptogamiques et ainsi être moins dans la réaction. De baisser l’utilisation intense des sulfates de cuivre, que le bio emploie exagérément, empoisonnant le sol. De remettre la plante au centre de l’exploitation et apporter de la sérénité aux vignerons. Beaucoup des plus grands vignerons se sont tournés vers cette pratique dans tous les vignobles de France et d’ailleurs. En Bourgogne, La Romanée Conti l’emploie depuis 20 ans. A Bordeaux, Pontet-Canet depuis 20 ans aussi, et même Petrus depuis peu s’est converti. En Loire, citons Nicolas Joly à la Coulée de Serrant mais aussi Thierry Germain à Saumur. En Languedoc, on citera Olivier Jullien, pionnier de la qualité de cette région. En Rhône, la maison Chapoutier en Hermitage, bien sûr, mais aussi L’Oratoire Saint-Martin et Marcel Richaud sur Cairanne. En Champagne, Roederer et en Jura, l’iconique Pierre Overnoy. Alors, toujours sceptique ?